Si vous êtes devenu humain, c’est grâce à un coup de foudre !
L’espace cuisine, la pièce à feu, le
feu qui cuit, est l’espace dont nous, humains, nous ne pourrons jamais nous priver. Et nous ne ressentirons jamais le besoin de s’en
priver. Bien au contraire, nous
ressentons tous le besoin irrésistible de nous rassembler dans l’espace
cuisine. Et nous le ressentirons
toujours. Pourquoi ?
Une petite histoire : il y a +/- 500 000 ans, un être
pas très développé a eu un coup de foudre.
Un vrai coup de foudre.
Et cet
être a emporté sa flamme dans sa grotte.
Il a vu que ce feu l’éclairait, le chauffait, le protégeait mais surtout
que ce feu cuisait.
Avant que de continuer cette histoire, il faut préciser deux
points importants :
-les aliments cuits sont plus caloriques que les aliments
crus
- l’organe qui puise la plus grande partie de l’énergie que
nous assimilons est le cerveau. Plus de
30% de l’énergie que nous assimilons est nécessaire pour faire fonctionner ce
serveur logé dans notre boite crânienne.
Sachant cela, vous savez maintenant pourquoi cet être peu
développé est devenu un humain, pourquoi vous avez un si gros cerveau (du moins
je l’espère).
La maîtrise du feu, du feu qui cuit, est d’ailleurs la seule différence certaine, avérée
scientifiquement entre l’humain et l’animal.
Grâce au feu qui cuit, notre cerveau a pu se développer, les
aliments cuits ayant pu apporter l’énergie nécessaire à son développement et
son fonctionnement.
Des études scientifiques le démontrent
Malgré la tendance générale qui veut que la taille du
cerveau soit proportionnelle à la masse corporelle, les humains sont une
exception. Nous sommes les primates qui ont le plus gros cerveau et le plus de
neurones, mais nous sommes loin d’avoir la plus grande masse corporelle.
Pourquoi les grands singes, les plus grands primates, ne sont pas également
ceux qui ont le plus gros cerveau?
C’est l’énigme à laquelle se sont intéressés deux
chercheuses de l’université de Rio de Janeiro, Karine Fonseca-Azevedo et Suzana
Herculano-Houzel, dans une étude intitulée «Les contraintes métaboliques
imposent un compromis entre la taille du corps et le nombre de neurones du
cerveau dans l’évolution humaine» parue dans la revue Proceedings of the
national academy of science.
Leur conclusion: les singes n’auront pas de cerveau aussi
gros que les humains tant qu’ils mangeront comme des singes, rapporte Discover
Magazine. Leur raisonnement, fondé sur l’étude approfondie du nombre de
neurones et du régime de 17 espèces, est le suivant.
Le cerveau nécessite énormément d’énergie (chez l’Homme, il
consomme 20% de l’énergie totale), et plus le cerveau est gros, plus il
consomme. Mais vu leur régime de nourriture crue, qui est moins calorique que
la nourriture cuite, les grands singes ne peuvent alimenter plus de neurones
qu’ils n’en ont actuellement, à moins de passer beaucoup plus de temps à
fourrager et à s’alimenter, ce qui n’est pas possible.
Nos ancêtres, au contraire, ont dépassé cette contrainte en
apprenant à cuire les aliments. La nourriture cuite apporte davantage de
calories, et est plus facile à mâcher et à digérer. Leur régime leur a apporté
plus d’énergie pour une durée de repas égale, ce qui a entraîné une
augmentation du nombre de neurones et de la taille du cerveau. Les scientifiques
écrivent :
«Sans la nécessité de passer la plupart du temps disponible
dans une journée à s’alimenter, la combinaison d’un plus grand temps libre et
d’un grand nombre de neurones grâce à un régime d’aliments cuits a peut-être
été un facteur majeur dans la croissance rapide de la taille du cerveau dans
l’évolution humaine.»
Une autre étude scientifique éclairante
Devons-nous la réussite de l'humanité à ses capacités culinaires
et notamment à son habitude de cuire les aliments ? Oui, répondent des
chercheurs de la Harvard Graduate School of Arts and Sciences dans une étude
publiée dans les Actes de l'Académie nationale des sciences (PNAS). " Il
est étonnant que nous ne comprenions pas les propriétés fondamentales de la
nourriture que nous mangeons. Tous les efforts que nous faisons pour hacher,
couper, trancher et cuire les aliments ont des effets sur l'extraction
d'énergie et l'énergie est la principale raison pour laquelle nous mangeons
" explique Rachel Carmody, principale auteure de l'étude.
Bien que de nombreuses études aient porté sur des aspects
spécifiques de la cuisson aucune ne s'est vraiment intéressée à l'aspect
énergétique de la chose. Pour examiner ces effets, les chercheurs ont conçu un
modèle expérimental unique. Pendant plus de quarante jours, ils ont nourri deux
groupes de souris avec un régime qui se composait de viande ou de patates
douces selon quatre mode de préparation : nourriture crue et entière, crue et
mixée, cuite et entière et cuite et mixée. Pour chaque régime, les chercheurs
ont observé les changements de masse corporelle des souris ainsi que leur
activité physique. Les résultats montrent clairement que la viande cuite
fournit plus d'énergie que la crue. Un constat qui selon les chercheurs a des
implications intéressantes pour notre compréhension de la façon dont les
humains ont évolué.
Bien que les premiers humains aient
commencé à manger de la viande il y a près de 2,5 millions d'années, sans
possibilité de contrôler le feu, les premières assiettes préhistoriques
contenaient de la viande crue probablement martelée à l'aide d'outils de
pierre. Il y a environ 1,9 millions d'années un changement soudain est
apparu : la corpulence des premiers humains a augmenté, leurs cerveaux ont
pris du poids et ils ont pu se livrer à des activités consommatrices d'énergie
comme de longues marches ou courses. Pour les auteurs de l'étude, c'est sans
doute la maitrise du feu et la cuisson de la viande qui ont permis ces
évolutions.
Edvige Natali Cuisines Namur